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24 mars – 14h30 – Argentat

Écoute et conte

Causerie organisée par « le fil des aidants » le 24 mars 2018.

Nous avons choisi de parler de l’écoute à autrui et de la personne qui a besoin d’être entendue.

Comment écouter pour que l’autre se sente entendu, mais aussi que l’écoutant ne se sente pas affecté par les difficultés ou les souffrances ?

Définition de l’écoute : « capacité à écouter autrui, à être attentif et réceptif à sa parole » Larousse

L’Écoute : vécu, ressenti par rapport à une réalité.

Définition du conte : « récit souvent assez court de faits, d’aventures imaginaires ».
Ecoute qui active l’imaginaire. Ce qui est dit n’est peut être pas entendu de la même manière d’une personne à une autre.

Démonstration : lecture d’un conte par Xavier

1. Entendre et écouter :

Vous m’entendez, vous entendez le son de ma voix, mais m’écoutez-vous ?

Entendre et écouter sont deux attitudes très différentes. Quand la journée se termine, nous avons entendu beaucoup de choses, mais finalement, nous n’avons que très peu écouté.

Entendre est une action qui ne requiert pas notre attention profonde, car nos oreilles captent simplement une succession de sons qui viennent de notre entourage.

Cependant, lorsque nous faisons l’effort d’écouter, toute notre attention est dirigée vers le son ou le message en question, c’est-à-dire qu’il existe une intention. Tous nos sens sont alors concentrés sur ce que nous recevons.

Écouter, c’est entendre les mots, comprendre le sens, mais aussi percevoir tout ce qui est exprimé de manière non verbale, les gestes, les mimiques, les intonations, les regards… je vous rappelle qu’écouter, c’est être réceptif. Nous percevons de manière inconsciente une multitude de signes qui viennent éclairer notre compréhension. C’est ce qui explique nos perceptions sur une personne, une situation donnée. Écouter, c’est fatigant du fait de cette extrême concentration sur l’autre.

« Parler est un besoin, écouter est un art » (Goethe)

Quand on entend, on reste à la surface de ce qui est exprimé, à un seul niveau (verbal) sans s’engager personnellement, affectivement dans ce qui est dit par l’autre. Dans le fait d’entendre, il n’y a pas d’ouverture à l’autre.

Écouter, c’est savoir adopter une posture d’écoute : Nous avons besoin, pour écouter vraiment, de mobiliser toute notre attention vers la personne : ses mots, le ton de sa voix, le rythme, l’émotion qui y transparait, les gestes, les tremblements, les regards, la posture… Rien d’autre n’existe que la personne qui parle.

Il faut donc s’oublier pour écouter. Ne pas parler de soi, et même ne pas parler tout court. Laisser la personne s’exprimer et chercher à décrypter le sens de ses paroles, le sens de sa démarche de parler : ses attentes, et également ses enjeux.

Donc, pour écouter, il faut définir un cadre et comprendre la finalité de l’écoute. Cela permet de ne pas y être piégé. On peut tous écouter mais il faut aussi savoir gérer cette écoute pour le pas être « aspiré » complètement par l’histoire de l’autre :

  • Personnes en grande souffrance (débordement émotionnel qui vous touche)
  • Histoires douloureuses, traumatisantes à entendre
  • Personnes « manipulatoires » qui ont besoin d’exprimer leur souffrance pour être « prises en charge »
  • Personnes sans filtres qui expriment des choses intimes dans un cadre inadapté et à tous, sans demande précise
  • Histoires qui viennent résonner dans la votre (confusion qui réactive votre propre perception douloureuse)

Il convient de se poser des questions préalables :

  • Les conditions de l’écoute sont-elles satisfaisantes (lieu adapté, absence de bruits parasites, présence d’autres personnes, risque d’être dérangé (tel portable…)
  • Quelle est ma place pour proposer cette écoute? Est elle légitime, a-t-elle du sens ? (famille, ami, professionnel, collègue…). Une confidence peut à un moment détruire une relation, car ce qui a été dit peut faire obstacle par la suite
  • Quel est l’intérêt de cette écoute ? question des besoins de la personne et de l’écoutant
  • Quelle est l’attente de la personne ? quelle est sa demande ? son récit est-il en lien avec sa demande ? y a-t-il un débordement verbal, émotionnel ?
  • Comment fonctionne la personne ? les émotions sont elles en lien avec ce qu’elle raconte ? y a-t-il un échange entre vous ou est ce que la relation va dans un seul sens ?

2. Enjeux de l’écoute :

Il faut pouvoir comprendre les enjeux pour ne pas se sentir décalé, piégé par cette « transaction » écoutant/écouté, car c’est une transaction où chacun doit pouvoir recevoir un bénéfice.

Pour l’écrivain : Xavier : Méthodologie d’écriture

Une personne qui se sent écoutée verra que vous lui attribuez de l’importance, de la valeur, se sentira reconnue et vous en sera reconnaissante, ce qui créera un climat de respect, d’estime et de confiance.

– Pour celui qui parle :

o Trouver une réponse à un problème, avoir des avis, un soutien
o Se sentir entendu, compris, pris en compte
o Créer une relation aidant/aidé
o Exprimer sa souffrance comme si elle était devenue son identité, exister par ce biais

– Pour celui qui écoute : il est important de comprendre pour vous-même ce que vous cherchez à recevoir par votre écoute :

o Répondre à une mission professionnelle ou bénévole (ce qui n’empêche pas de se poser la question du pourquoi je propose une écoute)
o Rechercher à être utile, bienveillant
o Recherche une reconnaissance, une relation de confiance
o Être reconnu
o Afficher une image de quelqu’un de serviable
o Réparer un aspect de votre histoire personnelle : compenser une souffrance

Il convient donc au préalable de gérer ses propres difficultés pour être en position d’écoute, sinon risque de confusion, de souffrance et de réactions émotionnelles inadaptées.

Attention aux engagements humanistes. S’ils sont louables, ils peuvent aussi amener la personne écoutée dans une situation qu’elle n’a pas souhaitée. L’histoire de la personne n’est pas ma votre. J’aime rappeler qu’on ne peut rien pour l’autre. On peut juste être là, présent si besoin, mais qu’on n’a pas le pouvoir de changer les choses. C’est la personne qui doit s’emparer des outils qu’elle a à sa disposition pour faire évoluer la situation. On peut l’accompagner en ce sens. Penser le contraire n’est-t-il pas de la prétention, un sentiment de toute puissance?

Triangle de Karpman

Proverbe aborigène d’Australie : « Si tu viens pour m’aider, tu perds ton temps. Mais si tu viens parce que tu penses que ta libération est liée à la mienne, alors, travaillons ensemble ».

3. Ecoute et écriture : Xavier

4. Méthodes d’écoute : Savoir écouter est une attitude difficile, car elle exige un contrôle de soi permanent, ainsi que des efforts d’attention et de compréhension pour bien capter le message (verbal et non verbal) de l’autre. Nous devons diriger notre attention vers notre interlocuteur, en entrant dans son domaine d’intérêt, son cadre de référence, son état émotionnel.
L’écrivain et orateur J. Krishnamurti affirme que “écouter est un acte de silence”. Tant que nous ne ferons pas taire notre dialogue interne, et que nous ne prêterons pas attention à notre interlocuteur, nous n’apprendrons jamais à écouter.

Premier outil essentiel de l’écoute:

– L’Empathie :

« Résonance, communication affective avec autrui » Larousse dictionnaire de la psychologie.
Sans empathie, il n’est pas possible d’écouter vraiment l’autre, de la comprendre (prendre avec soi). L’empathie est ce que nous développons enfant dans la relation à la mère (les liens d’attachement). La relation empathique permet de comprendre les sensations, les émotions de l’autre et d’en déduire des besoins. Augmentation de l’ocytocine chez la mère (et le père) pendant la grossesse et jusqu’aux 2 ans de l’enfant pour développer cette relation d’attachement. Se situe dans le développement des neurones miroirs. Pathologies sans empathie (psychopathes, pervers narcissiques) qui sont déconnectés des affects.
L’empathie dans l’écoute permet de percevoir l’émotion, de la sentir sans la ressentir vraiment. Prendre sans être à la place.

– L’Écoute active :

Reformuler pour vérifier la bonne compréhension
Synthétiser ce qui est exprimé
Ne pas chercher tout de suite à donner une réponse ; l’objectif est d’écouter, de comprendre, et de la signifier à l’autre
Valider l’émotion exprimée, le ressenti, et ne pas chercher à positiver systématiquement (peut être compris comme un refus d’entendre le ressenti)
Accompagner vers des perspectives

– La nécessaire distance : c’est un principe important

Si je suis avec la personne dans sa problématique, je ne peux pas l’aider.

La posture d’écoute est complexe, car elle demande à se situer avec la personne, dans son vécu, mais également en dehors, dans une perspective élargie. C’est comme si il fallait descendre dans le puits de ses souffrances, mais en ayant aussi la capacité d’être en dehors du puits pour l’aider à remonter et mettre en perspective l’existence du monde extérieur. J’y suis vraiment, mais pas seulement, comme si j’étais à 2 endroits à la fois, ce qui me permet de ressentir, comprendre la personne, mais aussi de resituer l’histoire dans le contexte plus large de la situation (histoire de la personne, fonctionnement, perspectives, enjeux relationnels…).
C’est cette distance qui me permet de relativiser ce qui est exprimé (en remettant dans un contexte plus large, car la personne est centrée sur son problème, ce qui est normal, de me protéger, et d’accompagner la personne vers d’autres perspectives.

5. Limites de l’écoute, protection de soi

– Confidentialité des informations : ce qui est confié doit rester protégé (dans le cadre professionnel bien sur, mais aussi les activités bénévoles, ou les relations amicales, familiales). Ce qui a été confié dans un climat de confiance doit rester clos, sinon, il y a trahison de la personne, voire responsabilité au niveau judiciaire.

– Poser une limite : on ne peut pas tout entendre.

Poser une limite. « j’entends que vous avez traversé des moments très difficiles et que cela reste très douloureux, et je me demande ce que je peux faire pour vous aider » ou bien : « je vois que vous traversez des évènements complexes, douloureux, j’entends (valider l’émotion) et je vais vous orienter vers une personne qui pourra vous aider mieux que moi ». là, vous recentrez sur le problème, la demande de la personne pour orienter de la manière la plus adéquate.

– « Cultiver son jardin » avant tout : pour bien écouter, et ne pas être parasité par ce qui est dit au-delà de ce temps d’écoute, il faut :

o évacuer ses propres problématiques saillantes
o Être attentif à ses propres ressentis. Ne pas s’infliger des paroles, un récit difficilement entendable pour vous.
o Transformer la charge émotionnelle ressentie en actes en fonction de votre convenance. Il s’agira de trouver une méthode qui vous vide la tête ou bien exprime les émotions pour les évacuer : chanter, écouter de la musique, méditer, écrire, dessiner ou peindre, danser, faire de la broderie, se promener dans la nature, rire… ces activités vous permettent de vous recentrer sur vous et votre propre besoin.
o Avoir des lieux d’expression pour soi même
Le rêve, l’imaginaire est un très bon moyen de s’occuper de soi même, de stimuler sa créativité. Les contes remplissent également cette fonction.

6. Xavier, lecture d’un conte